Kinto
Un
Pays Quint
entre
Garazi et Ostibarret
1530
urteetan hasi zen gatazkaren ondotik, Garazi Oztibarreko Kintoa sortu
zen Garazi eta Oztibarreko mugaren finkatzearekin behin betiko, 1765
urteko azaroaren 21eko aktaren bitartez. Buzunaritzeko D’Iribarne
eta Sarasketako Espil besteak beste hor izan ziren «savanciers»
delakoak edo oraiko geometrialariak erran genezake. «Zein
Kintoa, geroari dagokionez, Garazi eta Oztibarreko biztanle
guzientzat izanen da, ibilbide dretxoarentzat, kabalen bidegabe
sartzeentzat… berokuntza erregaiarako zerratuak dauden baso eta
oihanen esplotazioarentzat egina, partiketaren bazterketa mugatzeko».
Ez
zen ahantzi erenzaria, zuzen erraiteko, kabal harrapaketa, ihes
egiten zuelarik gauaz Kintotik mugaz kanpo, zeren ganadua baimendua
baizen alhatzera «iguzkiz iguzki» parte zatikatu gabearen alde
bakoitzean. Frantziako iraultza garaian dretxo hori ezabatua izan zen
gehiegikeriengatik, zoinbaitzuk, gauaz kabalak pusatzen zituzten
alhagi debekatuetara lotsarik gabe. Gaston Zubiat, 2010 urtean
zendua, gai hortan aditua izan zen. Garazi Oztibarreko Kintoaren
perimetroak egiten ditu 11.86 km, eta 228 Ha. Eremu, ilargi-adar
baten itxurakoa da hobeki erraiteko, Burgantzeko harria eta
Gilenberro artean.
1916ko
apirilaren 16an, Behorlegi herriko kontseiluaren deliberoan baietsia
da Ybarnegaray, ihizi estakuruan, Jakes Recatume, zangotarik ezindua,
bere «affouage» zuen dretxoa (Herriko oihanean egurra
hartzeko zuzenbidea) oinperatzen zuela. 1916ko ekainaren 25ean,
Behorlegi herriko kontseiluaren delibero bat hartua izan zen Recatume
defendatzeko bere «affouage» zuzenbidean.
*
Dotée
depuis plusieurs siècles d’un statut particulier, cette zone
montagneuse de pâturages se
trouve
entre les deux pays, Garazi et Ostibarret, en Basse Navarre. Située
sur les
trois communes de Hosta (Ostibarret) et Behorlegi,
Lekunberri
(Garaziko herria), elle fait l’objet d’un traité qui la
délimite —le texte principal date de 1765— et organise son
exploitation forestière
et
les droits de parcours
entre éleveurs et autres usagers ou exploitants. Cette zone porte le
nom de Kintoa ou pays Quint, sur
la commune des
Aldudes, autre
région ayant ce statut, entre les vallées de Baigorri et d’Erro
et surtout
entre deux Etats, France et Espagne.
La
surface du Kintoa de Garazi-Ostibarret est de 228 hectares pour 12
kilomètres de pourtour. En
forme de croissant entre les rochers de Burgantze et de Gillenberro,
il
est composé aujourd’hui de 25% à 30% de propriétés privées, le
reste étant des terres indivises, gérées à parts égales par les
deux syndicats de Cize et d’Ostibarret créés par un décret de
1838.
Croissance
démographique
L’origine
de la création de ce pays Quint provient
du développement démographique et économique d’Iparralde à
partir des XVIe
et XVIIe
siècles. La majeure partie des terres situées sur les montagnes
basques de moyenne et basse altitude, est alors libre de toute
occupation particulière et fait l’objet d’un libre parcours ou
«vaine pâture» de la part des hommes et des animaux. Mais la
croissance de la population pousse à cette époque les cadets à
défricher, mettre en valeur et s’installer dans des zones. Les
anciennes bordes deviennent maisons d’habitation. Grâce à un
labeur acharné, des fougeraies ou des bois sont transformés en
prairies, par îlots de quatre à cinq hectares. Les sels, labaki,
saroi et autres korta apparaissent, ils correspondent à ces surfaces
défrichées. En un siècle, de 1688 à 1788, 158 hectares sont par
exemple devenus cultivables sur le territoire de la commune de Hosta.
La vallée d’Ostibarret colonise ainsi une zone montagneuse commune
avec d’autres et… elle suscite des grincements de dents.
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Sel de Elhorta en forme de huit |
Par
ailleurs, les forêts et les pâturages deviennent davantage sources
de revenus, elles font alors l’objet d’une exploitation plus
régulière avec les coupes de bois, la chasse (sanglier, lièvres,
palombes, loups), la fabrication du charbon de bois souvent destiné
à la fabrication du fer, les productions de glands, de faînes et de
châtaignes, etc. Mais surtout des troupeaux de plus en plus nombreux
occupent les landes et autres zones de pacages (brebis, porcs,
chèvres, bovins, équidés, etc.). Du fait que ces territoires ne
sont pas clôturés, les bêtes se déplacent librement d’un
endroit à l’autre. Ces déplacements ou cette exploitation
entraînent inévitablement rivalités et conflits d’intérêts.
Lorsque des animaux vont sur des terrains appartenant au syndicat
voisin (ou y sont parfois poussés la nuit par l’éleveur...), cela
suppose en principe un dédommagement de la part du propriétaire des
bêtes et le carnal, erenzari euskaraz, c'est-à-dire le droit de capturer le bétail non autorisé à paître "de soleil à soleil", de chaque côté du territoire indivis. D’où la nécessité de négocier et de définir clairement
le territoire destiné au libre parcours ou à «la libre pâture»
et de construire un droit commun entre les usagers. Pour le Kintoa
Garazi Ostibarret, les premières traces de ce droit qui nous soient
connues datent des sentences arbitrales de 1530 et les derniers actes
de 1913.
Traité
de 1765
Le
traité du 25 novembre 1765 crée ce pays Quint Ostibarret Cize. Il
s’agit du document principal parvenu jusqu’à nous et il
correspond à un coup d’arrêt de l’expansionnisme évoqué plus
haut, à la demande des usagers de Cize. Le document se décompose en
onze articles qui définissent les frontières du Kintoa, certaines
étant matérialisées par des bornes. Sur ce territoire, il définit
un droit de parcours pour les bêtes, ainsi que le droit d’exploiter
bois et forêts pour le chauffage. Quatorze jours de négociation et
de visites à cheval sur les lieux, furent nécessaires pour parvenir
à un accord acceptable entre les parties. Le document final est
signé par Jean
Valentin, baron de Lacarre, châtelain
de Navarre, commandant du port du Royaume, colonel de la milice de la
chatelainie de St-Jean-Pied-de-Port, lieutenant du roi, magistrat en
chef du Pays de Cize et
par Clément, baron d'Uhart,
grand bailli du Pays d'Ostibarret, commandant la milice, ainsi que
par quatre notaires royaux de Donibane Garazi, Donapaule et Izura.
S’ajoutent à ceux-ci, les signatures de plusieurs notables et
habitants de toute la région. C’est dire l’importance de ce
traité et le soin apporté à son élaboration.
Deux bornes du traité de 1765
Tout
n’est pas réglé pour autant. En 1885, éclate un nouveau conflit.
Une délibération de la commission syndicale de Cize réunie
le 1er
juin, indique
que quatre procès-verbaux ont été dressés à l’encontre de
trois bergers, Irigoin, Lophisteguy et Etchegoin, "sous prétexte
que leurs bestiaux se trouvaient en territoire d'Ostibaret où ils ne
payent pas de taxe".
Vérification
faite sur les lieux, le syndic est d'avis que les procès verbaux ont
été dressés à tort, puisque ces bergers se trouvaient sur le
territoire de Béhorleguy et dans la partie appelée
Quint qui
relève bien plus de Cize que d'Ostibaret, puisque les contributions
foncières sont payées par le syndicat de Cize.
A
la suite des ces quatre procès-verbaux, une entente amiable est
tentée avec Ostibarret, mais elle n’aboutit pas. La commission
syndicale envisage d’avoir recours aux tribunaux pour trancher le
litige. Celui-ci perdure et un bornage est réalisé en 1900 comme en
témoignent les photos ci-contre. Enfin une délibération de la
Commission syndicale de Cize le 17 novembre 1913 signale encore un
différend.
La
pérennité et le partage équitable des ressources déterminaient la
gestion commune des montagnes. Quand ces règles élémentaires
furent oubliées, en particulier aux XIXe
et XXe
siècles, cela suscita souvent des catastrophes : incendies,
érosion, conflits entre vallées ou bergers, déforestation, pertes
de pacages et de la qualité de l'herbe. Autant de faits qui nous
rappellent la nécessité de respecter des équilibres toujours
fragiles.
Un des grands connaisseurs de ce territoire et de son fonctionnement, sa mémoire vivante, était Gaston Çubiat, originaire de Behorlegi et décédé en 2010.
Un des grands connaisseurs de ce territoire et de son fonctionnement, sa mémoire vivante, était Gaston Çubiat, originaire de Behorlegi et décédé en 2010.
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L’essentiel de cet article ainsi que les photos proviennent d’une
compilation de données rassemblées par Beñat Auriol.
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